Oman : La perle du Sultan

Le sultanat d'Oman est un petit pays dans l’est de la péninsule arabique qui commence à s’ouvrir au tourisme et qui nous a intrigués. Et à vrai dire, qui nous intrigue toujours.

Dernière édition : 04 février 2019

Le sultanat est voisin des Émirats Arabes Unis, de l’Arabie saoudite et du Yémen.

Ce petit pays a gardé son indépendance par rapport à ses voisins et Oman ne fait par exemple pas parti de l’OPEP. On pourrait presque dire qu’Oman est un peu la Suisse de la péninsule arabe. Mais avec un monarque absolu, le sultan Qaabos ibn Saïd, extrêmement vénéré par son peuple.

A l’occasion de son anniversaire en novembre, tout le pays était décoré et illuminé aux couleurs nationales qui sont le rouge, le vert et le blanc.

Le blanc représente le chef religieux, l’Imam du pays, la paix et la richesse. Le vert symbolise le Djebel Akhdar, la montagne verte et sa fertilité. Et le rouge la capitale Mascate et la lutte contre l’envahisseur.

On y voit aussi le poignard khanjar et deux épées croisées.

Des portraits du sultan sont affichés partout, mais vraiment partout.

Il y a les portraits officiels dans les lieux institutionnels, mais on le voit  dans les devantures des magasins, sur les façades des immeubles même en construction, dans les souks, sur les vitres des voitures… Les enfants portent des vêtements aux couleurs d’Oman.

 Si on veut appréhender Oman, il faut se pencher sur l’histoire du sultan. Ce qui peut s’avérer un peu compliqué car à Oman, personne ne dira ne serait-ce qu’un seul mot critique.

Pour simplifier. En 1970, il arrive au pouvoir, au fait il renverse son père avec l’aide des Britanniques. Mais c’était pour le bien du pays. En 48 ans, il a sorti son pays du Moyen-âge. Il a fait construire des routes pour désenclaver les montagnes et le désert, a amené l’électricité et l'eau dans les villages reculés, rénové les cités. Mais il a surtout mené une intense politique d’unification nationale afin de surmonter les fractures ethniques, linguistiques, religieuses ou sociales, qui divisaient le pays. Il fait construire des écoles un peu partout mettant l'accent sur l’éducation.

Mascate la capitale

La rente pétrolière sert aussi au développement de la capitale Mascate qui s’étire sur 100 km de long et 65 kilomètres de large.
Mascate, c’est sa ville. Rien à voir avec les constructions démesurées des pays voisins comme Dubaï. A Oman, aucun immeuble ne dépasse les 6 étages : il ne faut pas cacher la vue sur les montagnes. Quelques rares immeubles peuvent avoir 12 étages s’il n’y a pas de montagnes. Tous doivent respecter l’architecture traditionnelle. La ville est d’une propreté incroyable, fleurie et verte (alors que le pays est un désert).

Grand amateur de musique classique, le sultan y fait construire un magnifique opéra dans lequel se produisent les plus prestigieux ensembles d'Europe.

Parmi les visites incontournables, il y a la grande mosquée.

Dans la salle de prière principale, on admire le tapis persan qui mesure 70 m sur 60 m.

C’est le 2e plus grand tapis tissé à la main au monde. Il pèse 21 tonnes et il aura fallu quatre ans à 600 ouvrières pour le réaliser.
Très impressionnant aussi le lustre central qui pèse 8 tonnes. 1122 ampoules lui donnent son éclat particulier.

Les artisans d’art du monde entier ont travaillé dans cette mosquée et surtout des sculpteurs.

Toujours sur les traces de Qaabos ibn Saïd, direction l’ancien Palais du sultan, avec ses jolies colonnes bleues et or qui ressemblent un peu à des champignons.

C’est joli mais sans plus, car il ne se visite pas et le sultan n’y vit pas. Son vrai palais est totalement caché par un immense mur qui s’étend sur des kilomètres dans une autre partie de Mascate.
 Mais la visite vaut quand-même le coup, ne serait-ce que par le spectacle des Omanais qui viennent s’y prendre en photo. Et le cadre est magnifique.

Après ce tour de quelques monuments emblématiques, direction le port où est amarré le yacht royal.

En face du port s'ouvre le dédale des ruelles du souk de Mutrah. Les marchands proposent l’habituelle offre de textiles, de souvenirs mais aussi des objets omanais et des antiquités. Beaucoup de brûle-parfums pour l’encens qui est récolté dans la région du Dhofar. L’encens ressemble à de petites pierres jaunes ou beiges.

Tout un quartier du souk est dédié aux échoppes de bijoux avec des magnifiques parures de mariée en or.

Si le marchandage fait partie du folklore, mieux vaut ne pas se montrer trop agressif, ce serait très mal vu. Comptez une réduction de 25 à 30%.
Si vous avez envie de marcher la corniche de Mutrah est le seul quartier où vous pouvez envisager de vous balader à pied. Sinon, il faut une voiture. Vous passez alors devant la tour de guet portugaise pour pousser jusqu’au parc Al-Riyam et son brûleur à encens géant.

D'ici vous avez une très jolie vue sur le port.

En route vers la montagne

En quittant la ville, nous roulons dans un paysage de montagnes totalement arides et dentelées. Un vrai désert où l’on cherche en vain la moindre touffe verte.

Les montagnes culminent à plus de 3000 mètres et nous devons faire une partie de la route en 4x4.  Les points de vue sont époustouflants. Des petits villages s’accrochent aux parois tout comme des terrasses où sont cultivées des roses pour la distillation de l’eau de rose, des oliviers, des grenadiers.

Le manque de pluie depuis plusieurs années fait souffrir ces plantations, mais surtout les oliviers sauvages. Le nom de ce massif laisse un peu songeur : djebel Akhdar signifie montagne verte. A part les terrasses cultivées, on ne voit donc pas beaucoup de verdure.

Nous avons  passé une nuit dans les montagnes, dans un magnifique hôtel construit  au-dessus de ce qui ressemble au Grand Canyon.

Avec sa piscine au-dessus de la falaise, Alila Jabal Akhdar est peut-être le plus beau cinq étoiles du pays.

Dans les oasis

Après ces paysages arides,(08-01) nous avons retrouvé avec plaisir la plaine pour faire une petite balade dans un Wadi.  Ce sont des vallées verdoyantes enchâssées de montagnes, avec des palmeraies, des fleurs, des bassins d’eau.

Nous nous sommes arrêtés au Wadi Shab. Pour le confort des femmes on y trouve même une tente de prières pour les femmes !

Des habitants font traverser le cours d’eau  pour gagner la rive où débute la balade qui suit  par moments un canal d’irrigation.

Le paysage est somptueux.  Les Omanais adorent venir pique-niquer dans ces endroits où les enfants peuvent se baigner.

Les enfants se rafraichissent d ‘ailleurs partout où il y a de l’eau, comme dans les petits canaux d’irrigation.

La plupart des oasis existent d’ailleurs grâce à un ingénieux système de canaux d’irrigation dont certains sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ils sont creusés à flanc de montagne, et l’eau passe par des petits aqueducs ou dans des tunnels.

L’eau alimente d’abord les puits d’eau potable, puis les zones d’ablution des mosquées et finalement les plantations.(08-20) Là, un temps précis d’irrigation est attribué à chaque ferme. 30 minutes au fait.

Sans ces canaux, la culture des palmiers à dattes, qui est une des richesses du pays, ne serait pas possible.

Un seul palmier pompe environ 500 litres d’eau par jour ! Et il y en a des millions. L’eau à Oman provient donc des montagnes mais aussi de plusieurs usines de désalinisation. Des conduites ou des camions transportent l’eau même vers des villages reculés.

 Nous avons pu découvrir le système de l’irrigation lors d’une petite balade dans  une palmeraie d’un village fortifié plus ou moins abandonné, (Birkat al-mausz) Cela nous a aussi permis de visiter des vieilles maisons en terre couleur ocre et qui sont en train de restauration.

C’est un très grand plaisir aussi de voir toute cette végétation, car en-dehors de ces oasis, c’est un désert minéral.

Un palmier donne environ 120 kg de fruits. Les dattes sont petites et fondantes, sans être trop sucrés

Au marché à Nizwa

Pour goûter ces dattes, notre guide nous a emmenés à Nizwa. L’ancienne capitale du sultanat est le centre pour la culture des dattes. Une partie de son souk est réservé à ses fruits délicieux. Quel plaisir de goûter les différentes variétés!

Le meilleur jour pour visiter Nizwa, est d’ailleurs le vendredi matin  lorsque se tient le marché aux bestiaux. Les éleveurs viennent vendre leurs chèvres et moutons en leur faisant un tour de piste pour permettre aux acheteurs de vérifier l’état de l’animal.

Ambiance

On plonge volontiers dans la cohue de ce vaste marché pour observer les Omanais, tous en tenue traditionnelle évidemment.Les hommes sont coiffé de leur "Kuma".

Quelques rares femmes sont sur le marché, comme ces Bédouines portant un masque en cuir…

On trouve de tout sur ce marché, du poisson frais, de la viande, des coqs, des oiseaux, des légumes…

Des Bédouins vendent des filets de poisson séché.

C’est une immersion dans la vie des Omanais.

De nombreuses boutiques du souk de Nizwa vendent des armes anciennes et des khandjar en argent. Ces poignards à lame courbe qui font partie de la tenue traditionnelle des bédouins.

Les hommes exhibent fièrement les armes achetées. !

Et si vous demandez si vous pouvez les prendre en photo, ils vous obligent de prendre un biscuit ou un fruit avec eux. Ce qui est assez surprenant quand on sait que Nizwa est aussi surnommé « perle de l’islam » car ses habitants étaient très conservateurs. Mais les touristes sont très bien accueillis.

 L’accueil et l’hospitalité font partie de la culture des Bédouins et si vous adoptez un comportement respectueux, ils cherchent volontiers le contact et viennent vous saluer. Comme cette famille dont les petites filles étaient fascinée par mon mari, cet étranger qui avait adopté le turban traditionnel. Elles ont voulu faire un bisou en frottant le bout de nez à ce « baba », grand-père bienveillant.

Juste à côté du souk, se dresse le fort avec son impressionnante tour ronde, d’où l’on a une belle vue sur la mosquée, les vastes plantations de dattiers et la chaine de montagne tout autour.

Le désert

Si les montagnes désertiques sont spectaculaires, c’est un tout autre désert qui est le point fort de notre voyage : les sables de Sharqia.

Ici, les Bédouins des temps modernes ne se déplacent plus à dos de dromadaires mais au volant de puissants 4x4.

Ils s’en donnent d’ailleurs à cœur joie pour nous faire vivre l’aventure dans les dunes…quitte à s’ensabler.

Au loin, nous avons aperçu quelques campements permanents pour les touristes, mais comme lors de chaque voyage, Définition Asie nous a réservé une surprise : un campement dressé rien que pour nous au milieu de nulle part.

Les Bédouins avaient installé des tentes traditionnelles avec des lits confortables, des toilettes sèches avec miroir, broc d’eau et douche solaire, des bougies et une grande tente pour le repas préparé par leurs épouses.

Nous étions comme des enfants à grimper pieds nus sur les dunes, laisser notre trace.

Après le coucher de soleil, un vent de sable nous a obligés de nous réfugier sous la grande tente.

C’était un peu irréel, les deux Bédouins qui nous tenaient compagnie ne parlaient pas anglais, mais nous avons partagé de bons moments à chanter, à esquisser des pas de danse et à en apprendre un peu plus sur les us et coutumes.

Il est par exemple malpoli d’étendre ses jambes, ce que nous faisions évidemment tous assis par terre sur des coussins. Mais savez-vous pourquoi ? Comme on marche pieds nus, la plante des pieds est sale et il est très malpoli d’imposer cette vue aux autres !

 Durant la nuit, le sable s’est infiltré tout doucement sous nos tentes. Le matin, nous avons vu que ce désert était habité : (10-26) de nombreuses traces d’animaux étaient imprimées dans le sable.

Cet écosystème abrite environ 200 espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles et d’amphibiens.

Il y a encore 5000 Bédouins qui vivent dans le désert de sable où iles élèvent entre autre des dromadaires de course,  des chèvres. Ils travaillent comme saisonniers de la pêche et vendent des filets de poisson séchés sur les marchés.

Côté mer

Avec ses 1700 kilomètres de littoral, Oman possède aussi des plages.

Des tortues de mer viennent chaque année pondre leurs œufs. Des visites sont organisées pour les observer mais nous n’avons pas pu prendre de photos.

Mais sur une autre plage nous avons eu la surprise de voir un drôle de coquillage vivant qui crachait de l’eau.

Un coquillage habité. 

La ville de Sour vaut la visite avec ses deux châteaux forts, les tours de guets et surtout son chantier naval.

Ce n’est plus qu’à Oman que l’on construit encore des dhow, ou de boutres, des voiliers arabes. C’était une activité florissante jusqu’à l’arrivée des bateaux à vapeur de la Compagnie de navigation des Indes britanniques.

C’est grâce au sultan que l’art de la construction traditionnelle ne s’est pas perdu. Et c’est un savoir-faire extraordinaire car les charpentiers travaillaient sans plan.

Ces beaux voiliers  sont construits entièrement en bois de teck. La plupart de travaux se font toujours encore à la main, même si des rabots électriques et des perceuses font gagner du temps.

Pour le sultan, ce savoir-faire fait partie du patrimoine national et maritime du pays.

L’attrait d’Oman, ce sont certainement ses paysages grandioses. On y cherche en vain des grands vestiges culturels à part quelques forts anciens, comme celui de Bahla, le plus ancien d’Oman.

Les anciens racontent que cette immense forteresse serait peuplée de Djinns. Nous n’avons pas pu vérifier, car elle était fermée. Avec ces petits airs de Carcassonne, elle mérite tout de même une halte.

C’est aussi l’occasion de voir une ville en voie de rénovation, des habitations abandonnées, et on constate qu’il y a encore beaucoup à faire.

Le mur d’enceinte en terre séchée long de 12 kilomètres, aurait été conçu par une femme il y a 600 ans.

Oman a su garder son identité et son mode de vie tout en s’adaptant à la vie moderne. A la croisée des routes maritimes entre l’Asie, l’Afrique de l’est et l’Europe, Oman a forcément une culture d’échanges. Et le voyageur est la bienvenue.