Le secret des masques de Venise

Carlo Marega est un des meilleurs artisans d’art de Venise. Ils sont encore une dizaine à fabriquer des masques.

Dernière édition : 20 janvier 2017

Oubliez les pseudo-masques vénitiens proposés pour quelques euros au coin des ruelles. Ils n’ont de vénitien que le nom.

Pour découvrir l’art de la fabrication des masques, direction l’atelier de Carlo Marega, un des meilleures artisans d’art de Venise et qui explique volontiers les différentes techniques de son travail.

Mais avant de commencer sa démonstration, il insiste sur les raisons du carnaval qui a rendu sa ville célèbre dans le monde entier.
Venise, république maritime, accueillait des marchands du monde entier. « Venise était une cité cosmopolite, un melting-pot, une cité toujours ouverte, moderne. Un mélange de cultures et de traditions était difficile à gérer et il fallait des règles et des punitions très sévères. En plus des règles du gouvernement, l’église a imposé les siennes.

Pour éviter les conflits, il fallait lâcher un peu la bride, donner à la classe noble et politique une période de plus de liberté. C’était la naissance du carnaval. Mais comme l’Église ne cessait sa surveillance, il fallait se cacher, donc se masquer. »

Le masque (la larve) est complété par un chapeau et une cape noire avec de la dentelle qui recouvrait tout le personnage, appelé le « Bau, le Ba bao, qui fait peur avec son masque ».

Les femmes portaient un masque noir par-dessus la bouche. « Cela les empêchait de parler et donc de trahir leur origine sociale par la différence du langage ! »

Tout en parlant, Carlo Marega travaille : créer le visage en argile pour faire le moule, appliquer un mélange d’eau, de colle et de papier mâché, égaliser avec du papier verre. Avec un cutter, Carlo Marega découpe les ouvertures.

Sur le masque blanc, il applique une couche de laque, de la colle spéciale, des feuilles d’or en lissant délicatement feuille après feuille. Sur un autre masque, il tamponne un peu de peinture à l’huile, qu’il frotte ensuite pour créer des craquelures.

« C’est comme du fond de teint, mais dans ce cas pour montrer les rides et non pas les cacher », sourit le maître des masques, qui propose 150 modèles.

Petit plus : le quartier San Polo dans lequel se trouve l’atelier, est un peu à l’écart de la foule.