Escapade dans le Mâconnais

Moins connu que Beaune ou Dijon, Mâcon et sa région ne manquent pas d'attraits. Il suffit d'emprunter les petites routes buissonnières pour faire de belles découvertes : beaux paysages, belles demeures, gastronomie savoureuse et bons vins.

Dernière édition : 08 septembre 2014

Notre voyage d'un long week-end débute en gare de Macon où nous devions réceptionner notre voiture de location. Un authentique taxi londonien en l'occurrence. Pour le fun, pour découvrir la région un peu autrement. Et là, surprise de taille : une vénérable et impressionnante Packard de 1939 fait se tourner toutes les têtes. Un peu grand comme voiture de location, non ?

« J'ai pensé que c'était plus simple que je vienne vous chercher, puisque je vais passer l'après-midi avec vous, » nous salue Jean-Claude Lequy qui propose ces locations pas comme les autres.

Notre voiture nous attend sur le parking du Café de la Gare à Charnay-lès-Mâcon. Et quelle voiture ! Une MG cabriolet de 1948. Mais avant de pouvoir parcourir les routes du vignoble mâconnais à bord de cette voiture d'exception, nous montons à bord du fameux taxi anglais pour notre première excursion programmée : un tour à vélo.. Inutile de préciser que l'étrange attelage, un taxi anglais et une remorque à vélos, ne passe pas inaperçu !

Au lieu-dit de la Grange du Bois, nous récupérons nos vélos. Après avoir admiré la vue sur la roche de Solutré, nous partons en suivant le road book fourni par Jean-Claude. Parmi les trois parcours, nous avons opté pour le plus simple d'une dizaine de kilomètres seulement, en ne faisant que de la descente.

Musée de la préhistoire

Première halte au musée de la préhistoire au pied de la roche de Solutré. Une muséographie accessible et ludique permet de comprendre la riche histoire de ce site rendu célèbre par François Mitterrand qui, chaque lundi de Pentecôte, montait au sommet de la roche. La visite montre l'évolution de l'homme et nous découvrons qu'il existait dans cette chronologie un Solutréen qui vivait en France, en Espagne et au Portugal. Un petit film très ludique tord le cou au mythe de la chasse des chevaux. Mais chut, nous n'en dirons pas plus pour ne pas gâcher l'effet de surprise ! Le musée mérite vraiment la visite.

Le jardin archéologique à l'extérieur nous laisse un peu perplexe : il est sensé mettre en valeurs la végétation du site et quelques trouvailles archéologiques. Nous aurions peut-être du prendre un audio-guide.... Après un passage rapide dans la Maison de Grand Site dont une exposition met plus en avant le paysage que l'histoire, nous reprenons nos vélos.

Pouilly-Fuissé

Mais à peine quelques mètres plus loin, dans le village de Solutré Pouilly, l'Atrium nous interpelle pour la découverte des Pouilly-Fuissé, ces fameux vins blancs.

L'Atrium est l'endroit parfait pour déguster les crus des six villages ce qui permet d'en découvrir toutes les différences : Les vignerons y « louent » un casier pour présenter leur production, la dégustation de la « Collection » permet de mieux faire son choix : Selon le terroir, ce mono-cépage de chardonnay est très sec et minéral ou alors très floral.
Mais nous ne devons pas trop traîner, il faut rendre les vélos avant 18h à l'Office de tourisme de Charnay-lès-Mâcon en face du Café de la Gare.

La descente se poursuit à travers le vignoble et les villages aux noms évocateurs Pouilly, Fuissé et aux maisons construites dans de belles pierres du pays. Un régal !

En voiture !

Après avoir rendu les vélos, Jean-Claude nous donne quelques instructions pour la conduite de notre incroyable voiture de location.

Conduite à droite, bien sûr, mais comme nous avons déjà roulé dans des voitures anglaises ce n'est pas trop gênant. Le bruit du moteur fait à nouveau tourner les têtes. Quant à nous, c'est un peu comme un cadeau de Noël ! Mais ce beau joujou a évidemment ses caprices et ne se conduit pas aussi facilement que nos monospaces à la direction assistée ! Elle est très longue aussi et négocier les super ronds-points bien étroits dans les villages est un peu sportif. Sinon, c'est un régal et la découverte de ces beaux vignobles encore plus savoureuse !
Inutile de dire que nous n'arrivons pas à la garer sur l'emplacement prévu de notre chambre d'hôtes mais comme elle est tellement belle, les propriétaires nous autorisent de la garer dans la cour.

Chez Marie

Le paradis de Marie mérite bien son nom.

Dans les dépendances de cette habitation mâconnaise traditionnelle, Marie et Laurent ont aménagée des chambres d'hôtes avec juste ce qu'il faut comme déco pour ne pas gâcher la belle ambiance qui y règne. La grande cuisine est accessible constamment tout comme la salle de billard ainsi que la cave à vin où il fait bon se retrouver à plusieurs autour d'un apéro. Mais par beau temps, la grande piscine et les vastes prés à l'arrière invitent à la détente. De là, des chemins de randonnées sillonnent le vignoble. Ce matin, nous « prêtons notre » MG à Jean-Claude pour un mariage. En échange, il nous a apporté une .... Deudeuche ! Nous voilà « déclassés » mais le fun y est ! D'autant qu'elle est décapotable et finalement elle fait autant tourner les têtes que la MG évoquant probablement des souvenirs émus !

Vie de château

A midi, nous déjeunons au château d'Igé, un endroit qui semble être hors du temps. Un authentique château médiéval, pas une fantaisie d'un riche marchand de soie lyonnais ou d'un vigneron. En 1973, le château a été transformé en hôtel-restaurant et est resté dans la même famille jusqu'à cet été.

C'est l'ancien – et actuel – chef du restaurant qui l'a repris avec deux associés. Une façon de garantir la continuité tout en ouvrant la voie à une évolution en douceur. Les saveurs de sa cuisine se dégustent dans un cadre très historique, la salle de la cheminée, le salon rouge.... Un vénérable escalier en colimaçon au marches usées par des passages au fil des siècles, mène vers les chambres à la déco délicieusement « ancienne » (mais aux salles de bains au confort moderne !) aux murs tendus de tissu fleuri. Encore plus romantique, la chambre de la tour au fond du parc. De quoi se prendre pour la Belle au bois dormant. Tout le parc invite d'ailleurs au repos contemplatif. L'endroit est parfait pour se reposer.
Pendant le déjeuner sur la terrasse, nous nous laissons gagner par la quiétude, le murmure de l'eau crachée par le « crocodile » imaginé par le jardinier du site.
Dur dur de reprendre la route, mais nous avons prévu de visiter le petit musée de la vigne du domaine château de la Greffière à La Roche-Vineuse et, surtout, de déguster leurs vins.

Domaine Château de la Greffière

Des 44 ha du domaine, 20 se trouvent autour du château. Pour ne pas risquer de perdre tout en cas d'orages de grêle, la famille Greuzard a acheté des parcelles dans d'autres villages. Le cépage principal est le chardonnay.

Un peu d'aligoté pour faire du bourgogne aligoté, du gamay pour du Macon rouge et du pinot noir pour du bourgogne complètent le vignoble. 80% des vendanges se font à la machine (sauf pour le crémant qui nécessite des vendanges manuelles). Une partie de la production du domaine est vinifiée en fût de chêne. Xavier, le fils d'Isabelle et Vincent est venu travailler avec ses parents, un BTS viticole-œnologie en poche et après avoir passé six mois en Nouvelle-Zélande.

Sous son impulsion, les Greuzard, qui travaille en culture raisonnée, ont lancé leurs cuvées prestige : des parcelles de petite charge sélectionnées par Xavier, des grappes vendangées très mûres. Comme nous avons encore un peu de route à faire, nous ne goûtons qu'une cuvée « Les Ronzettes », aux arômes légèrement toastés, à la bouche équilibrée et très légèrement boisée. Isabelle conseille de l'accompagner avec une volaille à la crème ou une poêlée de saint Jacques.

Mâcon

Avant de retourner au Paradis de Marie, nous décidons de faire un tour à Macon. Après la quiétude du vignoble, la ville ne nous séduit pas vraiment.

Louis nous montre pourtant quelques édifices marquants : l'ancienne et la nouvelle cathédrale, l'église Saint-Pierre, l'unique maison en bois, le musée Lamartine, l'ancien hôtel-Dieu, quelques jolies traboules, le pont Laurent et les quais de la Saône. Dommage qu'en déplaçant le parking de la surface en sous-terrain, les penseurs de l'aménagement urbain n'aient pas dévié la circulation dense le long des quais de la Saône (par un tunnel par exemple ?). La nationale qui passe coupe la ville et ses restaurants des quais avec son jardin romantique très fleuri et ses citations de Lamartine au sol.

Auberge du paradis

C'est avec beaucoup de plaisir que nous retrouvons les petites routes du vignoble en retournant chez Marie à Saint-Amour. Malgré la chaleur de ce beau samedi de septembre (il fait plus beau qu'en été !) l'eau de la piscine est un peu fraîche (ce n'est pas l'avis des hôtes venus du « nord ») mais c'est vivifiant. Nous voilà prêts pour une nouvelle rencontre savoureuse à l'Auberge du paradis, à peine à quelques pas de notre chambre d'hôte. D'un paradis à l'autre, tout un programme !

La rencontre avec des chefs est toujours une découverte. La découverte d'un homme (ou d'une femme) passionné et à chaque fois différent. Tous ont en commun l'amour des bons produits et le respect des convives. Mais là s'arrêtent les points communs ! Autant qu'Olivier Pons du château d'Igé sait régaler avec une cuisine française plutôt classique (comme on l'attend dans un château), autant Cyril LAUGIER séduit avec son sens de l'alchimie et son amour pour les épices. Le tout servi dans un cadre résolument décalé qui se cache malicieusement derrière la façade innocente d'une petite auberge villageoise ! Les chambres de l'auberge sont tout aussi surprenantes. Cyril manœuvre seul en cuisine (ce qui explique qu'on n'y mange pas à la carte mais prend obligatoirement le menu qui change chaque mois), son épouse Valérie et Jean-Christophe assurent le service en salle. Les créations et associations savoureuses parfois surprenantes de Cyril ont enfin été reconnues par une étoile Michelin. Pourquoi après tant d'années seulement ? Peut-être à cause du caractère entier du chef ?

La roche de Solutré

Et voilà le dernier jour de notre petit week-end dans le Mâconnais. Le matin, nous retrouvons Hervé au pied de la roche du Solutré.

Ce guide du patrimoine a le don d'expliquer la géologie, la faune et la flore de ce site de façon simple et ludique. La formation des rochers de Solutré, de Vergisson et du mont Brouilly (qui, lui, a perdu sa partie rocheuse), les massifs de buis, les fleurs, les murs de pierres sèches, les chevaux presque sauvages du site .... On l'écoute avec beaucoup d'attention et de plaisir. Autre avantage de partir en visite guidée avec Hervé : Il fait passer les (petits !) groupes par un chemin privé, sur une partie de l'ancien chemin de ronde du château fort de Solutré. Et oui, peu de gens semblent le savoir : sur ce rocher où François Mitterrand venait chaque année le lundi de Pentecôte, se dressait jadis un château fort. Las, sur ordre de Philippe le Bon en 1434, il fut entièrement démantelé.

Château fort de Berzé

Mais nous ne quitterons pas le Mâconnais sans avoir visité au moins un de ses châteaux. A quelques kilomètres de Milly-Lamartine ( le village d'enfance d'Alphonse de Lamartine), se dresse fièrement le château fort de Berzé, la plus grande forteresse de Bourgogne du sud, un des mieux conservée de Bourgogne ;

Même si le comte Jean de Milly avoue qu'en hiver la famille se retranche dans les pièces au-dessus des garages puisqu'il est impossible de chauffer les grandes pièces du château. Comme le château est toujours habité par la famille de Milly, la visite officielle ne passe que par les jardins (les ifs taillés de la cour d'honneur sont impressionnants) et l'extérieur du château. Mais l'histoire est intéressante, et la vue sur les vignobles aux alentours magnifique !

Et voilà, en fin d'après-midi nous retrouvons la « civilisation » et le train TGV. Fini l'escapade en MG. A la sortie, Jean-Claude était d'ailleurs de retour avec « notre » MG pour nous permettre un dernier tour quelque peu magique..

PRATIQUE

Office de tourisme du Mâconnais
1, Place Saint-Pierre
71 000 Mâcon
Tel. 03 85 21 07 07
http://www.macon-tourism.com/fr/

Maconnais-Macon02

CLASSIC CAB
Jean-Claude Lequy
Téléphone : 06 95 22 36 64 / 06 61 62 44 87
www.classic-cab.com

Maconnais-Classic cab

Café de la gare
2705 Route de Davayé
71850 Charnay-lès-Mâcon
Tel. 03 85 34 87 99

Maconnais-café de la gare

Musée préhistorique des Roches de Solutré Pouilly Vergisson
Heures d'ouvertures (d'Avril à septembre) : tous les jours de 10 h à 18 h
Musée départementale de Préhistoire
71960 Solutré-Pouilly
Tel. 03 85 35 85 24
www.solutre.com

Maconnais-Musée

Le paradis de Marie, à Saint-Amour Bellevue
Laurent et Marie Pruvost
Les Ravinets
71570 Saint-Amour Bellevue
Tel. 03 85 36 57 90
http://www.leparadisdemarie.com

Maconnais-Paradis Marie

Château d'Igé
252 Rue du Château
71960 Igé
Tel. 03 85 33 33 99

www.chauteaudige.com

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Château de la Greffière
Isabelle & Vincent, Xavier (leur fils), Greuzard
La Greffière
71 960 La Roche-Vineuse
Tel. 03 85 37 79 11 / 06 80 12 33 73
www.chateaudelagreffiere.com

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Auberge Du Paradis
Le Plâtre Durand
71570 Saint-Amour Bellevue
Tel. 03 85 37 10 26
www.aubergeduparadis.fr

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Anecdotes, balades et visite en Mâconnais
Hervé Josserand
06 82 02 86 82
www.anecdote-balades.com

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Château fort de Berzé
Le Château
71960 Berzé-le-Châtel
Tel. 09 64 44 20 36
www.berze.fr

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