Saveurs d'ailleurs

L’or noir d’Aquitaine

Le Bassin d’Arcachon n’est plus seulement réputée pour ses huîtres. Depuis quelques années, le caviar fait partie des trésors gastronomiques du Sud-Ouest de la France.

Dernière édition : 16 décembre 2021

Quand on dit caviar, on imagine souvent les tables des fêtes des tsars en Russie. Las, les temps  où 1000 tonnes de caviar par an provenaient de la mer Caspienne sont révolus, l’esturgeon sauvage est menacé d’extinction par la pollution et la surpêche.

Dans un bassin à part, les visiteurs du Moulin de la Cassadotte peuvent voir des esturgeons.

La pêche intensive a également sonné le glas de l’espèce en France, où les esturgeons évoluaient également dans la Garonne et la Dordogne. Mais à l’époque, ces poissons étaient pêchés pour la qualité de leur chair. Le précieux caviar (leurs œufs) était utilisé comme appât pour les sardines ou donnés aux canards !
Mais lorsqu’un restaurateur parisien lance la mode du caviar au début du 20e siècle, la pêche s’intensifie dans l’estuaire de la Gironde, au point qu’elle doit être interdite en 1973.
Le sauvetage de l’esturgeon passe alors par l’élevage de la variété Acipenser baerli, qui nait et évolue en eau douce.

Le Moulin de la Cassadotte était la première ferme aquacole française pour l'élevage d'esturgeons.

En Gironde, un ancien élevage de truites du moulin de la Cassadotte à Biganos dans le Bassin d’Arcachon, a fait partie de cette aventure et devint la première ferme aquacole française dédiée à l’élevage d’esturgeons. En 1985, 200 spécimens rejoignent les bassins du moulin, trois ans plus tard, 10 000 alevins sont nés. 1993 voit la 1ere production du caviar made in France.

Le Moulin de la Cassadotte est le berceau du caviar français.

Depuis, d’autres bassins sont creusés sur le site,  et aujourd’hui, quelque 70 000 esturgeons de toutes les générations évoluent pendant de longues années dans ces bassins alimentés par le Lacanau, la rivière locale.

L'eau du Lacanau, la rivière locale, alimente les bassins.

Ils profitent de nombreux bassins pour pouvoir nager et se développer librement, presque comme dans leur milieu naturel. Ce site préservé, entouré de forêts de pins, garantit des conditions optimales à cet élevage qui demande beaucoup de patience : ce n’est qu’à l’âge de 10 ans que les fameux œufs arrivent à maturité !

De nombreux bassins permettent aux esturgeons de nager et de se développer sereinement.

Des filets protègent les bassins dans lesquels s’ébattent les tout petits esturgeons : les oiseaux de la réserve ornithologique du Teich voisine y feraient bien un festin !

Des filets protègent les petits esturgeons des prédateurs.
Un petit esturgeon.

A l’âge de 4 ans, une échographie de chaque poisson détermine leur genre : les mâles sont alors vendus en Allemagne où ils continuent à être élevés avant d’être vendus dans les pays de l’Est, où la chair d’esturgeon est très appréciée. Quant aux femelles, elles continuent à vivre leur belle vie dans les bassins du moulin. Vers l’âge de 6 ans, elles développent les premiers œufs qui grossissent et se multiplient.
A 8 ans, une biopsie est pratiquée pour voir si elle a effectivement des œufs et chaque esturgeon reçoit une bague d’identification à la nageoire. Deux ans plus tard, une nouvelle biopsie vérifie sir les œufs sont à bonne maturité.

Une à une, les femelles sont pêchées pour faire une biopsie.
Lors de la biopsie, des œufs sont prélevés.
Lors de la biopsie, la taille des œufs est mesurée.

Les poissons sont alors transférés dans un bassin d’affinage alimenté par l’eau de source pendant 15 jours. Au bout de dix ans, c’est fini la belle vie puisqu’il faut prélever les précieux œufs qui représentent 10% du poids du poisson.

L'équipe de la partie pisciculture.

La poche contenant l’or noir est enlevée et frottée délicatement pour libérer les œufs. Après avoir été nettoyés d’éventuelles impuretés (résidus de la poche), les œufs sont délicatement brassés avec du sel.
Après l’égouttage, les œufs sont mis en pots pour l’affinage en chambre froide. Tout se fait à la main et en 1h30 maximum.

La fameuse boîte bleue et les conditionnements plus petits.

Le caviar peut être produit toute l’année, mais l’activité se concentre surtout sur septembre et octobre : 75% du caviar est vendu à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Caviar de France propose des boîtes cadeau, avec du champagne ou de la vodka.
Des coffrets collector de Caviar de France, clin d’œil à la Russie.

Toutes les parties de l’esturgeon sont utilisées. La chair est transformée en rillettes ou en filets fumés, la peau peut être travaillée en maroquinerie.
Caviar de France maîtrise toute la chaîne de production sur son site. Sur rendez-vous, des visites guidées du Moulin de la Cassadotte (avec une dégustation) sont proposées d’avril à septembre. Il est également possible de faire une dégustation à la boutique (10 € à 22 € selon la qualité du caviar)

Après la visite, place à la dégustation!

 

INFOS

ACHATS Caviar de France,
Moulin de la Cassadotte
33380 Biganos
Tél. 0556826442

www.caviardefrance.com

Conseil de dégustation :
Conservez –le entre -2 et +2°C au réfrigérateur. Sortez une heure avant la dégustation. Servez-le dans sa boîte d’origine ou dans un récipient en verre posé sur un lit de glace pilée.
A moins d’en acheter 1 kilo, on renonce aux accompagnements tels que blinis, oignons et autres crèmes fraîches.
Dégustez-le tout simplement à la cuillère en nacre ou en porcelaine mais surtout pas en inox ou en argent. Faites rouler les grains entre la langue et le palais afin d’en découvrir les nuances, puis libérez toute la substance des œufs.
Vous pouvez l’accompagner d’un verre de vin blanc sec, d’une flûte de champagne brut ou d’une vodka neutre.

Des perles d'une saveur extrême.